Le "crime du 2 décembre"
"Ceux qui vivent l'oeil fixé sur la justice disent
et continueront à dire que le crime est le crime, que le meurtre
est le meurtre". écrit Victor Hugo dans
"Napoléon le Petit". Les Républicains ne pardonneront
jamais au régime son pêché originel. Le 2
décembre 1851, le président de la République
Louis-Napoléon Bonaparte établit sa dictature par un coup
d'état qui fait quelques centaines de morts (dont ceux de la
fusillade des grands boulevards à Paris) et se soldent finalement par 26
000 arrestations, 10 000 déportations en Algérie et 1 500
banissements. Parmi les bannis les plus fameux, Victor Hugo, devenu
ensuite exilé volontaire car il refusa toujours de
bénéficier des lois d'amnistie de l'Empire et
considéra que les plébiscites davorables à
Napoléon III ne le lavaient pas de ses crimes.
Napoléon gouverne seul
L'empereur est en famille sur cette photographie,
avec son épouse Eugénie de Montijo. Celle-ci, très
pieuse, charitable et populaire, prend de l'assurance avec la naissance
de son fils en 1856. La maladie et la lassitude du souverain le
conduisent d'autant plus à se laisser influencer par son
épouse qu'il assez est mal entouré (par des
affairistes peu scrupuleux tels que son demi frère le duc de
Morny ou des exécutants qu'il n'a pas l'habitude de
consulter). Persigny et Rouher sont les plus fidèles Bonapartistes.
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Illustration de Dargent pour le pamphlet de Victor Hugo "Histoire d'un crime"
LE SECOND EMPIRE - CHRONOLOGIE
janvier 1852
Nouvelle constitution donnant au prince-Président élu pour dix ans des pouvoirs très étendus.
2 décembre 1852
Le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte devient
Napoléon III. Le peuple approuve par un
plébéiscite le rétablissement de l'empire.
1852-1860 : L'empire autoritaire
On parle de "monarchie césarienne" pour désigner cette
dictature fondée sur la popularité du dirigeant et la
consultation directe du peuple. Ayant rétabli le suffrage
universel, apparemment soucieux de progrès social,
Napoléon III est responsable devant les citoyens, appelés
à donner leur avis par des plébiscites. Mais le parlement
est impuissant face à l'empereur, chef des armées,
détenant seul l'initiative des lois et le pouvoir
exécutif. Les journaux et l'enseignements sont
surveillés et l'attentat d'Orsini (1858) organisé
en réalité pour attirer l'attention de Napoléon
sur le sort des Italiens, sert de prétexte à la
persécution des opposants. L'Eglise soutient le régime et
les paysans sont satisfaits, comme les Bourgeois, car les prix
augmentent, les affaires prospèrent et le gouvernement encourage
les investissements. La guerre de 1854-1856 en Crimée (contre
les Russes, aux côtés des britanniques) permet à
Napoléon d'apparaître comme l'arbitre de l'Europe, celle
de 1859 (au côté du Piémont et des patriotes
italiens, contre l'Autriche) permet la réunion de la Savoie et
Nice.
1860-1870 : L'empire libéral
En 1860, le traité de commerce signé avec la
Grande-Bretagne et la proclamation de l'Unité
Italienne mécontentent les milieux catholiques et les
entrepreneurs. Napoléon change de politique scolaire en
créant notamment des lycées publics, amnistie les
prisonniers politiques et fait publier les débats
parlementaires... mais des opposants sont pour la
première fois élus (17 républicains et 15 libéraux dès
1863). Après les déconvenues de la "politique des
pourboires" sur le Rhin, l'expédition française au
Mexique tourne au fiasco en 1867. Napoléon octroie alors aux
députés le droit d'interpeller le gouvernement et, en
1868, accorde une plus grande liberté de parole aux journaux.
Malgré le ralliement de certains d'entre eux (Emile Ollivier
devient premier ministre en décembre 1868) les
Républicains demeurent très hostiles et les ouvriers,
bien qu'ayant obtenu le droit de coalition. s'agitent du fait de la
crise économique et des contrôles policiers qui les
accablent.
A partir de 1869, Napoléon III concède le droit
d'initiative et d'amendement des lois au Parlement et obtient un
triomphe au plébiscite de mai 1870, par lequel les
Français approuvent à une immense majorité ses
réformes. L'empire paraît fonder une seconde fois mais il
s'écroule brutalement le 4 septembre 1870 après la
défaite militaire face à la Prusse.
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